Territoire de Jharia Inde, 2007/2010

L’enfer sur Terre porte un nom : Jharia. Ce territoire du Jharkhand est, historiquement, une terre d’exploitation, l’un des plus gros gisements de charbon d’Inde. Mais il y a une centaine d’années, le feu a pris dans l’une des innombrables galeries de mine creusées dans ses entrailles. Depuis, le foyer se propage. Des mesures drastiques, consistant à couler du béton sur des centaines de mètres de profondeur, permettraient peut-être d’isoler le sinistre. Mais les autorités britanniques puis indiennes s’y sont toujours refusées. Aussi les veines prennent feu les unes après les autres. Au-dessus, les villes, les villages, les villas cossues pour les dirigeants des compagnies minières, mais aussi  ses abris sordides réservés au prolétariat du charbon. Un demi-million de personnes vivent sur cet énorme brasier comme sur un volcan.

 

Une course-poursuite s’est engagée pour extraire le maximum de charbon non encore brûlé, dans des conditions véritablement dantesques. On voit des bulldozers se faire arroser à la lance à eau pour pouvoir excaver. Fumerolles, fumées et vapeurs sulfureuses s’échappent de certaines mines à ciel ouvert, et l’on comble dans l’urgence les incendies avec de la pierre et des gravats. Les paysages autrefois verdoyants, qui abritaient éléphants, tigres et antilopes, sont méconnaissables.

 

Des milliers de journaliers, anciens tribaux, intouchables et pauvres venus de toute l’Inde, dépendent de cette économie du charbon. Beaucoup travaillent dans les mines, chargeant les wagonnets. On les laisse aussi voler et trafiquer le précieux minerai - juste de quoi survivre. Ces hommes n’ont plus d’identité, à l’image de tous ces visages constamment noircis par la poussière de carbone.

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